L’histoire
A l’extrémité de l’éperon rocheux qui sert d’assise au village actuel, devait s’élever, aux IXe et Xe siècles, un modeste château, sorte de tour de guet qui surveillait la vallée de l’Auzoue.
De ce premier manoir, il ne reste sans doute que les soubassements du château d’aujourd’hui. Le château, tel qu’il se présente de nos jours, «trahit des époques différentes». Il a été transformé, agrandi, restauré au cours des siècles par ses occupants successifs.
La partie la plus ancienne, c’est-à-dire la grande tour carrée (et la petite tour centrale munie de l’escalier à vis qui dessert tous les étages), est du XIIIe siècle (sur le mur nord, on peut voir un corbeau qui soutenait les latrines extérieures).
La construction adjacente à la tour carrée face à l’est est du XIIIe siècle. Elle garde une très élégante fenêtre à meneaux. La tour semi-circulaire est du XVIe siècle (la tour jumelle s’est écroulée le 26 décembre 1887).
Il est bon de noter à ce sujet un souvenir intéressant venant de M. DARROUX, instituteur à l’époque : « Mon prédécesseur logeait dans l’aile du château où se trouvaient aussi : la salle de mairie, au second étage ; la salle d’école de filles, au premier ; et la salle d’école de garçons au rez-de- chaussée, au-dessus de laquelle se trouvait le logement de l’instituteur. C’était un logement délabré et menaçant ruines ; aussi je ne voulus point l’occuper. Je louai un logement à une trentaine de mètres… Bien m’en prit, car un soir, vers minuit, par un superbe clair de lune, comme je rentrais de Lannepax, j’entendis tomber quelques pierres dans la cour réservée aux enfants. Je rentrai. Mais à peine étais-je dans ma chambre qu’un bruit effroyable se fit entendre et se répercuta dans toute la vallée de l’Auzoue qui était, malgré la clarté lunaire, littéralement obscurcie par des nuages de poussière. Je sortis dans la cour du château où bientôt presque toute la population du village se transporta. La tour parallèle à celle qui existe encore s’était détachée du corps du bâtiment principal, et des milliers de mètres cubes de pierres tombèrent soit dans le jardin du presbytère et presque sur la route, soit sur une énorme voûte décharnée, mais qui résista sans doute au terrible choc et supporta, sans dommage, le poids écrasant qui lui était tombé sur le dos. Cela nous donne une idée de la force de résistance des voûtes en plein cintre dans les constructions. »


Le château avant et après l’effondrement de sa tour droite
Tout le corps du bâtiment, muni de larges baies au nord et au couchant, a été remanié au XVIIIe siècle par le baron Dupleix de Cadignan et l’intérieur mis au goût du jour. Dans l’ensemble, cette bâtisse garde un caractère féodal en raison de sa situation sur un piton escarpé mais, par certains côtés, donne une impression de château de plaisance. Ce dernier aspect est aujourd’hui accentué, le dernier propriétaire ayant entrepris la restauration des toitures et le crépissage des murs avec un enduit très clair.
in : Courrensan jadis ou l’histoire d’un village gascon, 1980, Foyer rural edit, Courrensan
Notice de la base Mérimée (base du patrimoine architectural du ministère de la culture)
Le château est mentionné dans un texte de 1337. Il appartenait à Bernard Trencaléon, très lié au roi Edouard Ier, ce qui expliquerait les analogies architecturales avec les constructions anglaises de l’époque. L’édifice présente un quadrilatère irrégulier délimitant une cour centrale dont le niveau est très élevé par rapport aux fossés. Les courtines subsistent jusqu’au niveau du chemin de ronde. Le mur d’enceinte est cantonné aux angles de quatre tours hexagonales et d’une quadrangulaire jouant le rôle de donjon. L’accès actuel se fait à l’ouest par un portail flanqué d’une échauguette carrée. Le second accès de faisait par un passage ménagé à l’est, à la base de la tour carrée, protégé à l’extérieur par une bretèche. A l’ouest et à l’est subsiste encore le chemin de ronde, masqué en partie par une volière édifiée en 1902. La partie sud-ouest, habitée, conserve des papiers peints de style Troubadour. Cet édifice est un condensé de tout ce qui se faisait sur le plan architectural au Pays de Galles à cette époque.
